| Asphyx God Cries Century Media, 1996 | |
Alors que les platines ont été squattées par le premier DVD live d'un Asphyx à nouveau ressuscité, il est clair que toute l'époque du groupe sans van Drunen est presque intégralement tombée dans les oubliettes des toilettes d'une auberge batave. La setlist du DVD est sans équivoque à ce sujet. Si je ne suis pas client de l'éponyme Asphyx, il en est tout autrement de God Cries qui mérite, à mon humble avis, une réhabilitation malgré sa très mauvaise réputation.
Au moment de la sortie de l'album Asphyx en 1995, seul le guitariste Eric Daniels avait survécu du line-up "historique". Le batteur et dernier membre d'origine, Bob Bagchus, avait quitté le groupe après van Drunen, laissant les baguettes à un certain Roel Sanders (Malignant, Inhume, plus tard God Dethroned). Dans ce contexte chaotique (très familier du groupe), l'enregistrement est suivi de l'implosion du combo l'année d'après. Les extraits entendus de l'album à l'époque (notamment celui de la compilation Destination Danger pour ma part, souvenirs souvenirs) ne m'avaient pas emballé plus que ça, laissant le champ libre à la future ré-orientation du projet et à l'explosion d'une bombe sale directement dans mon jean délavé (oui, on en portait déjà il y a quinze ans. Et les trous se faisaient à force de les porter, pas sur les cintres des magasins).
Asphyx n'est donc plus. En 1996, Theo Loomans (présent sur la démo Crush the Cenotaph en 1989) et le pilier Bob Bagchus ressuscite la bestiole baveuse. Alors que le death s'engorge dans sa quête malsaine de la véolocité et de la technicité, ces deux gusses rament à contre-courant, vers les profondeurs du old school dégueulasse. Bagchus et Loomans (qui cumule tous les postes sauf la batterie) entrent ensuite dans leur très familier studio Harrow avec Harry Wijering pour mettre en boîte le fameux God Cries, qui sort en mai 1996 chez Century Media. Avec Asphyx, on tient là les deux albums les plus décriés du groupe.
God Cries est un revirement. La lourdeur poisseuse du death des Hollandais s'est muée en une rage punk qui saute à la gueule. L'ouverture avec l'éponyme "God Cries" est un hurlement de colère, un dégueulis d'éructations porté par le chaos sonore mitonné par le duo. God Cries sonne d'entrée comme un album brut et instinctif, qui jaillit des enceintes pour dévaster la baraque. Le reste de l'album n'est pas aussi relevé que son introduction, il faut le reconnaître. Mais quelle sortie d'Asphyx ne présente pas quelques longueurs par endroits? Nerveux, tendu comme un string prêt à claquer et laisser s'évader une chair lourde et tuméfiée, God Cries est un junkie en manque qui déambule en hurlant la nuit dans la rue. Malsain et incontrôlable, l'album fuse, change de tempos comme de chemise en plein morceau, accélère, ralentit. Mais malgré ses qualités il ne convainc pas des fans surpris par la ré-orientation, malgré quelques très belles compos balancées dans la gueule à coups de Doc Martens.
Comme à son habitude, Asphyx va rester très instable, le duo splittant juste après la sortie de l'album. Bob Bagchus va s'en aller fricoter avec Eric Daniels et Wayne Gubbels (à la voix certifiée van Drunen), pour fonder Soulburn. Ils donneront naissance en 1998 à un unique album totalement Asphyxien Feeding the Angels. Le trio se rebaptisera Asphyx en 1999 pour enregistrer l'excellent On the Wings to Inferno... avant de splitter en 2000. Quant à Theo Loomans, il décèdera en 1998 dans un accident de voiture considéré pendant un moment comme un suicide, ajoutant encore du morbide à un God Cries dont je ne me lasse pas. Rien que de mater la pochette magnifique signée Axel Hermann me remplit de joie. Beuarr!!
Tracklist (31:35)
1 - God Cries (3:58)
2 - It Awaits (3:22)
3 - My Beloved Enemy (5:20)
4 - Died Yesterday (3:46)
5 - Cut-Throat Urges (2:13)
6 - Slaughtered In Sodom (2:50)
7 - Frozen Soul (4:25)
8 - Fear My Greed (2:44)
9 - The Blood I Spilled (2:55)
Album réédité avec le mauvais Asphyx en double CD par Century Media, sous le nom de Depths of Eternity