14 janvier 2012
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| Metallian |
Non, vous ne rêvez pas, on va causer d'un sampler. Oui, mais pas n'importe quelle compilation gratuite (comme on disait) puisqu'il s'agit du premier volume de Metal Explosion qui accompagnait Metallian numéro 4, un vrai magazine tout joli distribué en kiosque. Si à l'époque j'avais déjà récupéré des samplers directement dans les magasins de disques et acheté quelques compilation, c'était la première fois que j'en achetais un avec un magazine. Et ce sampler-ci a changé pas mal de trucs. L'anniversaire de Metallian est l'occasion idéale de raviver quelques souvenirs.
Nous sommes en 1996. Je me penche depuis quelques temps sur le black metal après passé plusieurs années à perdre pas mal de neurones au rythme du death metal. Et la vraie difficulté est de trouver de l'info, surtout sur ces genres plus extrêmes que les minets de Bon Jovi. Bien sûr, j'ai quelques potes avec qui on s'échange des cassettes copiées. Mais on reste un peu en vase clos avec peu d'infos. En bon lecteur de la presse, et donc des magazines Hard Rock Mag et Hard'n'Heavy, je ne pouvais que déplorer le manque de présence des styles plus extrêmes. Une fois les pages "Black, Doom et leurs amis" rapidement ingurgitées, je me lamentais que les journalistes soient tant intarissables sur les guéguerres Metallica-Megadeth ou Metallica-Guns'n'Roses au détriment des hurlements de l'extrême. Et si on pouvait trouver en kiosque quelques mags étrangers, comme Metal Hammer, la presse étrangère ne courait pas les rues dans ma belle province. Bref, chaud sa mère.
Et puis, j'ai découvert Metallian, qui était pour le coup orienté très extrême. Voire même très orienté black metal sous l'impulsion d'un Laurent Michelland qui a eu un impact très important même s'il est un peu devenu une parodie de lui-même au fil des années. Le récent numéro anniversaire de Metallian nous rappelle les début du fanzine (à 300 exemplaires photocopiés) avant de s'exporter chez nous en version trimestrielle payante, exhibant les couleurs hideuses de ses couvertures dans les kiosques français. Et avec son numéro 4, Metallian a eu l'idée de génie de mettre en place une compilation orientée pour les bruitistes. Issu d'un partenariat (h)ardemment négocié avec Adipocere, le magazine tente le coup et c'est un véritable succès. Je ne rentrerai pas dans le détail concernant les conditions de la présence des groupes sur le CD. Mais mazette, quel tracklisting pour ce premier numéro! Allez hop, on se le met dès maintenant plutôt que d'attendre la fin de la chronique.
1 - Diabolical Masquerade - Under the Banner of the Sentinel
2 - Samael - My Savior
3 - Impiety - Ceremonial Necrochrist Redesecration
4 - Excidium - Choice of Failure
5 - Bethzaida - The Tranquillity of my Last Breath
6 - Moonspell - For a Taste of Eternity
7 - Crown of Thorns - Soulicide Demon-Might
8 - Sacramentum - Obsolete Tears
9 - Decameron – Satanized
10 - Bestial Warlust - I the Warrior
11 - Neolithic – Choreografia
12 - Orphaned Land - El Meod Na' Ala / Whisper My Name...
13 - Oxiplegatz - Battle of Species
14 - Akhenaton - Final Battle
15 - Dark Funeral - The Secrets of the Black Art
16 - Alastis - March for Victory
17 - Rotting Christ – Archon
18 - Evol - A Sad Doom of a Dark Soul
19 - SUP - Pain Injection
20 - Vondur - Dreptu Allur
21 - Abhorer - Zygotical Sabbatory Anabapt
On n'est pas prêt de revoir des samplers qui claquent autant!! Sur les 21 titres présents, j'ai plus de la moitié des groupes qui squattent encore mes étagères. Et encore, j'ai revendu l'album d'Evol qui me faisait tant rire et l'album d'Alastis qui ne m'a jamais fait marrer. Qu'on aime ou pas certains groupes, on en connait en tout cas un bon paquet dans cette liste. Et je défie ceux qui ont connu cette compilation de ne pas avoir une petite nostalgie en parcourant cette liste.
Pour ma part, j'ai découvert en un CD Diabolical Masquerade (et donc dans la foulée Katatonia puis Opeth), Moonspell, Sacramentum, Decameron, Oxiplegatz et Orphaned Land. Autant vous dire que cette compilation m'a accompagné tout l'été 1996, à l'écouter en boucle au discman en bavant de mettre les pieds dans un magasin de disques où je pourrais trouver toutes ces perles. Enfin bon, je parle de magasins, mais je me suis plutôt saisi de mon téléphone pour contacter le vendeur dépressif d'Adipocere. Le même gars avec qui il fallait toujours prévoir 35 albums sur sa liste d'achat. "Le dernier Bolt Thrower? Non, je l'ai plus. Oxi.. comment? Non plus. Diabolical Masquerade, je l'ai. Ah non. Non, je l'ai pas en fait.". Mais ces albums ont fini par atterrir dans ma boite aux lettres. Et c'est ainsi que le sampler Metallian a tranquillement commencé à faire exploser mon budget CD pour quelques temps.
De toutes ces compilations, j'ai gardé les huit premiers numéros de Metal Explosion. Après, ça s'amollit trop. La crise de la presse oblige déjà Metallian à s'ouvrir à d'autres styles de metal moins extrêmes, sous peine de voir ses chiffres de vente glisser vers le bas. Mais n'oublions pas que le magazine va même diffuser deux CD à une époque, ce qui est un exploit (pour 25 Francs tous les trois mois, s'il vous plait!!). Et mes huit premiers numéros me permettent déjà d'avoir quatre extraits du premier album d'Eros Necropsique. Le forcing d'Adipocere sur ce "projet" était compréhensible bien qu'outrancier, mais c'était rigolo de se passer ce bidule en soirée avinée avec les potes. Je me moque, mais sans l'appui d'Adipocere (en la personne de Christian Bivel, si jene goure pas), Metallian n'aurait jamais pu sortir cette compilation et ne serait probablement pas devenu ce qu'il est. Et rien que pour la découverte de Kampfar, Golden Dawn, Orphanage ou Yearning, je ne peux que soutenir cette collaboration fructueuse.
A noter que dans ce premier volume de Metal Explosion, il n'y a pas de titre d'Eros Necropsique, il y a un montage sur Orphaned Land entre "El Meod Na' Ala" et "Whisper My Name When You Dream" (qui permet de présenter astucieusement les deux facettes du groupe) et il y a un bug sur "My Savior" de Samael. Sur ce dernier morceau, il manque la fin de la deuxième ligne de texte. Les vocaux ont simplement disparu laissant la guitare riffer seule. Ma surprise fut grande à l'achat de l'album de constater que ce "trou" était rempli, tellement j'étais habitué à l'extrait du sampler! Jugez pas vous-mêmes sur ce petit extrait!
OK, c'était une chronique un peu spéciale. Elle ne concernait pas un album culte, mais un sampler à la con dont la possession n'a aucun intérêt aujourd'hui. Hormis pour ceux qui l'ont comme moi usé dans leur discman ou leur chaine hifi et qui connaissent encore l'enchainement des morceaux. Pour ceux-là, ça fait des souvenirs, c'est certain... Pour terminer, laissons la parole à Yves Campion, rédacteur en chef de Metallian à l'époque, questionné au moment des 10 ans de Metallian par notre VSGreg national à propos de l'impact d'internet (support sur lequel Metallian ne percera jamais):
C'est un bon instrument de complément du magazine mais il ne faut pas que ca remplace le papier ! Le gravage, les MP3, ça c'est très dangereux pour le marché. Car si les maisons de disques souffrent et les VPC aussi du fait de voir leur vente baisser à cause de tous ces nouveaux moyens de diffusion, hé bien les magazines vont trinquer et le public aussi. Car s'il n'y a plus de groupes à présenter car plus d'argent, il n'y aura plus de scène non plus, qu'est-ce qu'on pourra graver ???? Mais nous n'en sommes pas encore là !
Bon anniversaire Metallian!